Le moine, l’enfant de chœur - Anecdote

Dans la vallée des Alpes où les hivers sont rigoureux, un jeune moine avait reçu la tache de dire la messe chaque matin dans la chapelle des pierres, attenante à son ermitage.
Chaque jour, de bonne heure, un enfant de chœur accourait du village voisin pour préparer le sanctuaire. Avec une fidélité scrupuleuse, il balayait les dalles de pierres, mettait les chaises en place et préparait l’autel.

Un matin, à 6 heures, le moine, en se réveillant, s’aperçut que la neige tombait à gros flocons. Le sol en était recouvert et les glaçons pendaient au toit.
- Personne pensa-t-il, ne viendra au village ce matin. A quoi bon me lever ?
Le moine s’enveloppa dans sa couverture et se rendormit profondément.
Sur le coup de 7 heures, fidèle à sa consigne, l’enfant de chœur traversa la vallée, ouvrit la chapelle, alluma les bougies et sonna les matines.
A sa surprise, le moine n’apparut pas. L’enfant attendit un moment, et voyant que le religieux ne venait pas, il souffla les bougies et retourna dans son logis.

Le lendemain matin, la neige s’était amoncelée. Le chemin de l’ermitage n’était pas frayé.
Le moine, à son réveil, eut une hésitation.
- Qui donc viendra ce matin ? Par ce froid et cette neige, nul n’osera traverser le vallon.
Le moine se rendormit.
Au village, en se levant, l’enfant de chœur eut à son tour quelques hésitations : « Peut-être que le moine restera couché ! Il ne remarquera pas mon absence. »
Toutefois, le sentiment du devoir prévalut. Il s’enveloppa dans son manteau et, se frayant un chemin dans la neige, il vint sonner la cloche de la chapelle et préparer la prière.
Le moine n’ayant point paru, l’enfant reprit le chemin de sa demeure.

Le troisième jour, un nouveau combat. C’était la veille de Noël. La neige était tombée toute la nuit. Le moine entrouvrant les yeux, vit les sapins chargés d’un lourd duvet. Les stalactites pendaient au toit et le givre couvrait les fenêtres.
- L’enfant de chœur fera le nécessaire, pensa le négligeant ermite !
Il se retourna sur sa couche et se rendormit profondément.
Tandis que la cloche carillonnait au dehors annonçant aux fidèles l’heure de la prière, le moine fit un rêve. Un ange descendait du ciel, tenant dans ses mains une couronne d’or.
- C’est pour moi, cette couronne ! s’écria le religieux, transporté d’enthousiasme.
- Non, répondit le visiteur céleste, elle n’est pas pour les paresseux. L’enfant de chœur a triomphé tandis que tu succombais. C’est à celui qui est fidèle qu’est promise la couronne de vie !